Contenu : Zadar – Environs de Nin – La côte touristique – Lac Vrana – Rivière Zrmanja – Novigrad et ses deux mers intérieures
Zadar, la ville
Nous nous sommes principalement intéressés à la vieille ville. Celle-ci, fortifiée, occupe une position stratégique sur la pointe d’une presqu’île. Une journée suffit largement à la visiter.
En son cœur, sont réunis l’église Saint-Donat et la cathédrale Sainte-Anastasie, ainsi que les vestiges d’un ancien forum romain. C’est assurément l’endroit à ne pas manquer.
À l’extrémité sud, vous trouverez la porte principale qui permet de franchir les murailles. Nous avons également apprécié le parc (parc de la reine Jelena Madijevka) niché dans une portion de fortification, avec une vue dominante. Juste à côté, il y a aussi la place Pet Bunara, avec ses 5 puits.
À noter, le système de défense de Zadar fait partie d’un complexe de sites (répartis entre la Croatie, l’Italie et le Monténégro) inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, comme “Ouvrages de défense vénitiens du XVIe au XVIIe siècle“.
À l’ouest, les quais donnent l’occasion de se dégourdir les jambes, d’observer les pêcheurs amateurs en action et, peut-être, un match de waterpolo. En poursuivant vers le nord, on arrive vers des réalisations plus récentes : un orgue marin (la houle compose et joue sa propre symphonie) et un monument dédié au soleil (rond composé de dalles photovoltaïques et lumineuses, très populaire sur Instagram).
Un parking bien situé (payant) est séparé de la vieille ville par une passerelle. Grâce à cette dernière, il suffit de marcher 200 m pour atteindre les remparts en enjambant un bras de mer. Garder un œil ouvert en traversant, nous avons pu observer un Sygnathe (Sygnathus), un proche parent de l’hippocampe, qui lui ressemble, mais dans une version complètement dépliée, tout en longueur.
Hors vieille ville, pas grand-chose à signaler, une sorte d’ovni semble avoir atterri pour donner vie à la salle omnisport Krešimir Ćosić, tandis que le centre commercial Supernova Zadar s’étend sur environ 400 m de longueur en périphérie.
Les environs de Nin, au nord de Zadar
Nin, c’est tout petit. Pourtant cet îlot bâti de quelque 250 m de rayon est au fondement de l’histoire croate. Ce fut effectivement le siège du duché, lorsque son indépendance fut reconnue pour la première fois (par le Pape Jean VIII en 879).
L’îlot est connecté au continent par un pont routier et deux passerelles piétonnes. Il se visite facilement depuis le parking principal (payant).
Nous en avons fait le tour, longeant ses remparts, puis en avons également admiré les vestiges romains. Le patrimoine est bien mis en avant. Le panneau de la maison romaine fut notamment une belle occasion pour les enfants de s’entraîner à lire un plan puis à repérer sur le terrain ce qui y est représenté : l’atrium, les chambres…
Ensuite, la rue centrale, l’église de la Sainte Croix, le port avec quelques bateaux traditionnels munis de leurs imposantes rames (par rapport à la taille de l’embarcation) et le tour est fini.
On a fait l’impasse sur la visite des salines voisines.
Quelques plages à signaler dans les environs de Nin :
- plage de Nin : Les grandes bandes de sables qui ferment la lagune de Nin, ont été partiellement aménagées (bars de plage, parasols et accès). Environ 1 km la sépare du centre de Nin et un parking (payant à la journée) est situé à son entrée.
- plage Privlaka : plage ouverte aux chiens située un peu avant le pont d’accès à l’île de Vir. Quelques places de stationnement.
- plage Ričina à Vrsi : plage de sable peu profonde, avec un bar. Stationnement gratuit sur place.
- plage vers Ljubacki Stanovi : petite plage de sable (sans nom ?) avec un accès à l’eau peu profond. Stationnement gratuit sur place. Il semble que ce soit un spot de kitesurf, mais il n’y avait guère de vent lors de notre visite. L’embouchure de la rivière voisine vaut le coup d’œil.
Nous avons fait une jolie promenade au bord de l’eau sur la petite île (otok) Zečeva. Pour cela, nous nous sommes parqués ici. Ensuite, nous avons enlevé nos chaussures pour franchir le passage à gué qui sépare l’île du continent. Dans un paysage plat et calme, de mer et d’îles blanches, nous avons emprunté le seul chemin, en direction de l’église. Faible dénivelé et 3 km aller retour, c’est vraiment une balade facile. Quand on s’arrête pour voir les mantes religieuses (fréquentes), les oiseaux et qu’on zigzage à la recherche d’autres bestioles, cela peut néanmoins prendre un certain temps.
La côte touristique, au sud de Zadar
Au Sud de Zadar, jusqu’à Drage, la limite du comitat, la côte est très touristique. Les constructions se repartirent le long de la rive, pratique pour trouver un logement proche de la mer. Cependant, le revers de la médaille c’est que la côte est largement dégradée. De nombreuses petites plages ont été aménagées avec des remblais, évitant les oursins et facilitant la mise à l’eau, mais avec une perte des cachets et un impact important sur la biodiversité du littoral.
L’arrière-pays est resté agricole, avec une belle variété de milieux et de paysage. C’est le repère de la tortue d’Hermann, de la couleuvre des Balkans, de la couleuvre-chat d’Europe ou de la vipère ammodyte. Le dépôt sauvage de déchets, notamment issus de la construction, y est monnaie courante.
À Biograd na moru, au milieu d’une grande pinède (agréable pour la balade), se cache la plage Lumbrak. Cette belle plage est accessible à pied ou à vélo depuis Biograd (environ 3 km) ou en voiture en stationnant à quelque 300 m.
Également à Biograd, il y a un grand parc d’attractions. Avec les enfants, nous avons toutefois privilégié le Lunapark voisin du centre-ville. Les quelques attractions y étaient largement suffisantes. Les trampolines en particulier, dont les enfants ont pu profiter au-delà du temps règlementaire (peu de monde et sympathique forain). La localisation permet de bien finir la journée, avec un repas sur le pouce assis au bord de la mer Adriatique.
La côte offre d’ailleurs de nombreuses opportunités d’apprécier le panorama au coucher du soleil (voir également le lac Vrana, ci-dessous), avec dans bien des cas l’île Pašman en arrière-plan. Le chemin longeant la rive à Drage est parfaitement adapté à cet usage.
Pour faire un tour au milieu du maquis impénétrable, il a par exemple ce point de vue, accessible en parquant le long de la route principale du littoral. Il n’y a pas d’ombre, donc à faire tôt le matin par grande chaleur.
Lac Vrana, le lac à voir
Le lac Vrana (Vransko jezero) est beau ! Voilà, ça s’est dit.
Il bénéficie effectivement d’un cadre attractif donné par le relief sur sa rive nord-est, la végétation palustre (surtout au nord) et les cultures et forêts de sa côte sud-est. Les cultures sont constituées de petits lopins de terre tout en longueur, avec une prédominance des oliveraies. Avec une superficie de 30 km2, c’est le plus grand lac de Croatie. Il est toutefois peu profond, 4 m au maximum. Le niveau d’eau a d’ailleurs été abaissé de 3 m lors de la création, au XVIIIe siècle, d’un canal le reliant à la mer Adriatique. Le but du canal était d’assécher les marais avoisinants pour gagner des terres arables.
Le plan d’eau et ses abords font partie d’un parc naturel (Park prirode Vransko jezero), en raison de leur richesse biologique. La star locale est probablement le cormoran pygmée (pour les fans d’oiseaux). Nous avons apprécié la réserve ornithologique, qui se visite pour quelques dizaines de kunas (prix et horaire ici, en anglais et croate). L’autre extrémité du lac mérite aussi un arrêt (accès payant). En plus de ses roselières, elle comporte quelques vestiges d’une utilisation passée (abri en pierre et caches pour le raisin). Pour les plus aventureux, un modeste sentier partiellement envahi de végétation mène à un étang circulaire au niveau d’eau variable. De quoi croiser un florilège de créature tout au long du chemin, notamment un grand criquet allongé.
Il est possible de se baigner, depuis cet endroit par exemple. Ne manquez pas d’y observer les lézards et libellules, nombreux sur la rive ou en lisière.
Le lac est également réputé pour le point de vue qu’il offre depuis ici (c’est également payant). Le lieu est surtout prisé au coucher du soleil et l’on comprend bien pourquoi.
À deux pas du lac, une discrète rivière prend sa source dans une grotte. Nous y sommes allés très tôt le matin et avons été surpris par le bruit qui en émanait. Suivant la musique, puis l’odeur d’une génératrice à essence, nous sommes tombés sur les occupants noctambules des lieux. La grotte avait en effet servi à l’organisation d’une techno party. Les participant.es n’étaient pas frais, mais souriants.
Cet endroit permet également de partir en randonnée dans le maquis, à condition d’avoir de bonnes chaussures.
Dans les environs, il y a aussi les ruines d’un monastère du XIIe. Elles ne sont pas aménagées pour les visites, mais quelques sentiers y pénètrent néanmoins. L’occasion peut-être d’y voir un bel oiseau, le monticole bleu.
Rivière Zrmanja, une belle rivière sauvage
En voilà une belle rivière sauvage ! Au programme : canyon, chutes, hibou grand-duc… et zombieland.
On l’a exploré depuis la source de son affluent principal (la Krupa) jusqu’à son embouchure dans la mer de Novigrad (voir chapitre suivant). 25 km à vol d’oiseau, mais bien plus à pied, tant le parcourt de l’eau est resté sinueux. La source de la Krupa est une résurgence au pied des Alpes dinariques. Il y a donc un écoulement important, qui prend place au milieu d’un paysage de roche et de buissons disséminés. On se situe dans la partie est du parc naturel du Velebit (park prirode Velebit). La source est aisément accessible depuis le hameau de Krupa. Un peu en aval, un panneau rappelle le passé sombre de la région, il reste en effet des mines enterrées dans le sol croate. Pas de quoi paranoïer, mais la prudence s’impose (ici, un article intéressant en la matière).
Plus loin se situe le monastère de Krupa, un monastère serbe orthodoxe construit au début du XIVe siècle. Au pied des bâtiments, on constate l’importance de l’eau, avec un parcourt soigneusement aménagé pour irriguer les champs. Ces derniers ont été patiemment arrachés au terrain inhospitalier environnant, on s’en rend bien compte depuis les hauteurs. C’est un bon point de départ pour randonner en direction d’un des plus beaux endroits de la région, le pont Kudin (Kudin most na Krupi) et les chutes qui le précèdent. Selon le niveau d’eau, il va falloir mouiller les jambes pour y arriver.
Une autre variante, depuis ce parking, permet de rejoindre le pont et les chutes sans se mouiller. En effet, une randonnée en boucle y descend et procure quelques points de vue aériens sur Kudin most. Le pont, réalisé entre le XVIIIe et le XIXe siècle, est constitué de douze arches de pierres. La succession de chutes rappelle Roški Slap (voir notre article sur le parc national de Krka).
En descendant encore le cours de la rivière, on tombe sur d’autres chutes, dans un lieu apprécié pour la baignade. Une belle piscine naturelle avec ses cascades, que demander de mieux. Il est également possible d’y donner quelques coups de rame pour une virée en kayak ou de sauter dans l’eau (depuis un modeste pont ou une corde accrochée à une branche). Un camping, quelques lotissements et restaurants existent à proximité. Le stationnement y est (en saison) payant. On peut également y accéder à pied, par exemple en remontant la Zrmanja en rive gauche, depuis le barrage ici.
Des chutes, il y en a d’autres. Depuis Obrovac, on peut rejoindre, en longeant la rive gauche de la rivière, la chute de Jankovića et un ancien moulin. C’est une jolie promenade qui nous permet de traverser une partie du canyon de la Zrmanja. L’occasion de constater que ce cours d’eau est poissonneux, ce que semblent apprécier quelques grèbes castagneux. Quelques jours avant notre passage, il a beaucoup plus, le niveau d’eau dépasse par endroit l’altitude du chemin (et les pieds mouillés ne sont pas du goût de tout le monde 😅). Au retour, des oies domestiques nous barrent le chemin. Finalement, elles ne se font pas trop prier pour nous laisser passer.
Le Canyon de la Zrmanja est particulièrement impressionnant peu avant l’embouchure, avec un beau point de vue ici. Plus en amont, au niveau de la Krupa, il y a d’autres points de vue remarquables.
Avec la présence de l’eau, des secteurs plus secs et un contexte très naturel, le bassin versant de la Zrmanja est magnifique. Nous y avons observé de nombreux oiseaux, le martin-pêcheur (omniprésent), la perdrix bartavelle, monticole bleu… également des reptiles et amphibiens, en particulier la grenouille agile et la couleuvre tessellée, ainsi que des petites bêtes (dont de grosses araignées – Hogna radiata) et des plantes. La plus chouette rencontre, une belle observation de hibou grand-duc (entendu également une nuit).
En marge de la rivière, un site nous propulse dans un registre complètement différent. Nous l’avions annoncé aux enfants comme une surprise et à la question “On va où ?”, la réponse fut lacunaire “à Zombieland”. 🤪???
Dans la pratique, il s’agit d’un projet d’usine de production d’aluminium. Les gisements environnants avaient été surestimés. Ainsi, faute de minerai, le projet a été abandonné. Laissant derrière lui des bâtiments neufs qui n’ont jamais servi. Maintenant délabrés, ceux-ci créent un décor atypique, attractif (du moins pour l’œil du photographe). Les enfants ont bien apprécié. En cas de visite, attention aux nombreux trous dans le sol et à la chute éventuelle de matériaux.
Novigrad et ses deux mers intérieures
Deux « mers » intérieures, l’appellation est peut-être exagérée, la grande baie c’est la mer de Novigrad (Novigradsko more, 29 km2), la petite c’est la mer de Karin (Karinsko more, 6km2). Les eaux y sont moins salées que celle de la mer Adriatique, en raison de l’apport important et régulier d’eau douce par plusieurs rivières (la Zrmanja principalement). Le secteur est connu, régionalement du moins, pour l’élevage de moules. On a testé, lors de notre séjour sur l’île de Pag. C’était très bon, nous gardons néanmoins une préférence pour les moules de calibre inférieur.
Hormis quelques balades le long des rives, notamment du canal reliant les deux mers, ainsi que la vue plongeante sur le village de Novigrad, nous avons particulièrement apprécié une promenade du côté de Donji Karin. Partant d’ici, elle permet de remonter une petite rivière jusqu’au niveau de sa source, dans une grotte. Cette dernière semble partiellement accessible lors de basses eaux, ce qui n’était pas le cas lors de notre venue. Elle alimentait deux moulins, dont les vestiges sont visibles sur le chemin. Plus loin, la montée dans la forêt permet d’accéder à de modestes falaises.
La pêche est largement pratiquée, depuis la rive ou en bateau. Nous avons même eu l’occasion d’observer le maniement d’un outil traditionnel, sorte de long trident (à multiples dents). Dans les environs, dès qu’on prend de la hauteur, on peut aussi admirer une formation rocheuse particulière. Nommé Tulove Grede, ce lieu est un sommet calcaire au relief bien marqué. Il fait penser à certains sommets du massif du Jura. Nous avions prévu d’y aller, mais de violents orages nous en ont dissuadés.
Nous nous sommes également rendus à proximité du point de contact entre la mer de Novigrad et la mer Adriatique. Notre point de départ se situait dans une crique utilisée comme plage (sans intérêt) et en tant que port pour quelques bateaux. La randonnée le long de la rive fut courte, en distance, car la progression n’était pas simple, tant les rochers étaient tranchants. Prudence, chute malvenue ! En revanche, les chèvres rencontrées ne semblaient guère incommodées, elles ont disparu comme elles étaient venues, comme un mirage. Belle vue sur le massif du mont Velebit !
Laisser un commentaire