Une fois franchi ce viaduc qui vous sépare du continent, la magie opère déjà, on a qu’une seule envie. Aller plus loin ! Nous avons directement filé vers le nord.
Contenu : le nord vers Novalja – Metajna et ses trésors – le centre vers Kolan – autour de la ville de Pag – le sud vers Povljana – faune observée
Le nord vers Novalja
À l’extrême nord de Pag, nous avons eu la chance de nous promener à l’ombre de plus d’une centaine d’oliviers millénaires sur fond d’océan, dans le parc des oliviers de Lun.
Le doyen, très impressionnant, à plus de 2000 ans, il a donc connu… Ses congénères plus jeunes sont également agréables à contempler avec leurs troncs tordus et leurs formes qui nous rappellent que la Bora (un des vents les plus puissants d’Europe) balaye souvent Pag.
Déambuler entre ces arbres majestueux est réellement un privilège, un instant de ressourcement. Comptez 2 h et environ 3 km pour en faire le tour. Le parc possède deux entrées, nous avons choisi, celle-ci. Le parking gratuit se situe de l’autre côté de la route.
Comme une entaille dans la côte, la plage dite de Lizard’s Beach tire son nom de sa forme en queue de lézard, longue et étroite. Ici pas de sable que de beaux rochers et un accès à l’eau quelque peu piquant, n’oubliez pas vos palmes ou vos chaussons ! Une fois, oursins et anémones franchis, la baie offre un joli abri pour passer du temps la tête immergée. Pour la découvrir, garez-vous là, à 500 m à pied.
À Stara Novalja, la plage de Jadra est bordée de rochers hostiles, mais rassurez-vous, des escaliers ont été subtilement intégrés pour vous permettre de pénétrer dans l’eau en toute sécurité. Le turquoise de celle-ci fait rêver, surtout dans un cadre magnifique ! Vous pouvez choisir de rentrer dans une petite crique, où vous avez votre fond ou au contraire directement en eau profonde pour faire de l’apnée par exemple.
Nous y sommes restés jusqu’à la tombée de la nuit. Les montagnes du parc de Velebit nous ont offert un merveilleux spectacle en se tintant d’ocre puis de rougeâtre au déclin du soleil.
À 300 m de là, une plage est dédiée aux propriétaires de chien qui peuvent y laisser librement courir leurs amis à quatre pattes. Plus à l’est, la belle côte rocheuse offre un relief propice aux nudistes pour s’y prélasser en toute intimité.
Novalja est surtout connue pour ses festivals de musique qui se déroulent sur la plage Zrće, surnommée l’Ibiza Croate. Ce lieu est entièrement conçu pour faire la fête, nous l’avons visité de jour pour nous faire une idée des infrastructures. En fin de saison et en pleine pandémie, tout était désert ! Cependant, nous nous sommes bien rendu compte du nombre impressionnant de personnes qu’elle pouvait accueillir aux vues de la taille du parking, avec pour corollaire nombre de déchets dans la forêt avoisinante. Pour les fêtards, le prochain programme semble se profiler, plus d’informations ici.
Metajna et ses trésors
Pour profiter de la richesse de ce lieu, au minimum deux passages s’imposent. Notre première visite nous a menés jusqu’à la belle plage Rucica, que nous nous sommes contentés de traverser. Notre but étant de randonner sur une portion du « Life on Mars Trail », qui débute au bout de celle-ci. Comme son nom l’indique, nous changeons de planète durant quelques heures ! Nous avons été conquis, les photos parlent d’elles-mêmes. C’est certainement l’un de nos coups de cœur sur l’île de Pag.
Nous avons quitté un temps le chemin principal pour rejoindre la plage de Beritnica, la vue à l’approche de celle-ci est paradisiaque. Nous avons longé cette bande de sable jusqu’aux rochers. Ensuite, nous avons retrouvé le « Life on Mars Trail » que nous avons suivi, sur environ 2 km. Notre fils y a observé sa première vipère ammodyte. Difficile de la repérer avec pour indice : « elle s’est cachée sous une pierre ».
Cette magnifique randonnée, d’environ 6 km sous un soleil éclatant restera dans nos mémoires. Nous nous étions parqués en dessus de la plage.
Metajna est également connue pour une période plus sombre de l’histoire, quand le camp de concentration de Slana se trouvait sur ses terres. Nous ne sommes pas allés sur l’ancien emplacement du site. C’était cependant l’occasion d’aborder le sujet avec nos enfants.
Pour notre deuxième visite, nous avons commencé en marge du chemin officiel pour atteindre le petit sommet de 114 m d’altitude au sud de Metajna et profiter du lever de soleil. Puis nous avons rejoint l’altitude 0 à l’extrême sud de cette avancée sur la mer, en traversant les nombreux murs de pierres que l’on retrouve partout sur Pag, vestiges des séparations de parcelle. Ici tout est beau également, on en prend plein les yeux. Nous avons même fait détaler quelques lièvres bruns, au milieu des moutons. Ensuite, nous avons rejoint le « Life on Mars Run » et fini notre boucle de 4 km en revenant sur Metajna. Nous nous sommes parqués à côté de la petite église.
Le centre de l’île, autour de Kolan
Nous avons débuté notre séjour insulaire à Mandre, un village de pêcheurs qui s’est progressivement converti en station balnéaire tranquille. Celle-ci est bordée de petites plages aménagées qui permettent de se rafraîchir en s’y rendant à pied.
Cependant, nous nous sommes quand même lancés dans une escapade en voiture au nord de Mandre pour rejoindre une côte plus sauvage. Après un chemin jonché de nids de poule, nous atteignons la plage Mišnjak, une jolie baie avec des rochers apparents, qui nous donna envie d’enfiler masques et tubas !
Pour l’anecdote, notre logement était si poisseux, que les enfants l’ont surnommé le « dégeu-crado ». Au lieu de prolonger le séjour, nous avons donc cherché un autre lieu de résidence, au profit d’un accueil sympathique, dans une famille de Kolan. Voir nos enfants utiliser google translate pour dire quelques mots en croate à leurs enfants et la réciproque en français… est un bon souvenir.
Au nord de Kolan se trouve le parc ornithologique de Kolansko Blato (boue de Kolan). Celui-ci fait partie de la zone Natura 2000 (réseau européen qui vise à préserver les sites d’importances en biodiversité). Kolansko Blato couvre une superficie de 2,4 km2. 163 espèces d’oiseaux y sont recensés, dont 66 nicheuses.
Un matin aux premières lueurs du jour nous sommes retournés vers ce marais, pour le découvrir depuis les pâturages cette fois. Nous n’avons pas eu beaucoup de succès concernant l’accès au point d’eau, mais nous avons eu l’occasion d’observer les bergers rabattre leurs brebis en voiture ! Suivi de quelques appels signifiant (pour les moutons), les grains de maïs sont servis.
Kolan est renommé pour confectionner l’un des meilleurs Paški Sir, soit un fromage élaboré uniquement à l’aide de lait de brebis de l’île de Pag. Il semble que la race de mouton, très résistante et adaptée au terrain rocailleux de l’île de Pag, soit particulière. Les informations trouvées sont cependant lacunaires. Certaines fromageries produisent également une version (sans l’appellation) avec du lait de vache en provenance du continent. « T’as où les vaches ? Pas sur cette île. »
Située à 3 km seulement de Kolan, la plage Čista est très peu profonde avec une jolie vue sur le village de Kustici.
On a été au sommet de l’île ! Bon d’accord, Sveti Vid culmine à seulement 348 m d’altitude, mais le panorama à 360° une fois en haut est prodigieux. Sur la descente, on s’arrête vers un plan d’eau, une réserve pour les moutons environnants. Puis on a longé les modestes champs situés dans le prolongement du village de Kolan. « Oh regarde une tortue ! Oui, je la vois. Sauf que je ne te parlais pas de celle-là ». Bref, il y avait de nombreuses tortues d’Hermann.
Autour de la ville de Pag
L’île de Pag est tellement découpée et biscornue que parfois vous ne savez plus exactement quel bout vous contemplez. Nous en avons fait l’expérience depuis une pointe au nord de la ville de Pag, à Paška Vrata, ce qui signifie “porte de Pag”. C’est la « porte maritime », puisque c’est par là qu’il faut passer pour atteindre la ville de Pag en provenance de la mer Adriatique. Nous en avons vu des paysages lunaires. Ce matin-là, le sol était hostile et crevassé, dans un relief en pente d’un côté et falaise de l’autre, tout ceci sous un vent si fort que nous avions de la peine à marcher droit, surtout les enfants, plus légers.
Un tout petit phare ou plutôt une balise marque le bout de la pointe. En suivant la côte, on découvre aussi une chapelle à l’abandon, où seuls les moutons semblent venir, probablement plus pour profiter de l’eau piégée dans la roche que pour se recueillir.
Sur le retour en contre bas à l’abri du vent se trouve une splendide baie sableuse, la plage de Veli Bok aux eaux turquoise. Un petit chemin, parfois un peu mal tracé, y mène depuis ce parking.
La ville de Pag est le chef-lieu de l’île du même nom (sans blague !). Elle compte moins de 3000 personnes.
La ville s’est déplacée au cours de l’histoire. En effet, initialement une cité appelée maintenant Stari Grad Pag (soit la vieille ville de Pag) prenait place à plus de 1 km plus au sud, aux bords des marais salants. Suite à la destruction partielle de celle-ci en 1394 (conflit avec Zadar), une nouvelle ville a été érigée plus au nord, les fondements de l’actuelle Pag.
Les vestiges de Stari Grad Pag, datant du Xe siècle (voire avant), se visitent, dans un joli cadre arboré. Un monastère franciscain y a été bâti après le déménagement de la cité.
Pag est une petite bourgade agréable et calme, dont l’économie est en partie basée sur l’exploitation du sel. On la découvre d’un coup d’œil depuis l’arrêt obligatoire à ce point de vue.
Le Sud, vers Povljana
Voilà le type de pépite que seule ma moitié sait repérer, près de Dinjiska, une ancienne saline abandonnée qui ne paie pas de mine au premier abord. Il suffit de s’y rendre au lever du soleil et tout se révèle, les reliefs, les couleurs et l’ambiance de ce lieu unique !
Il reste néanmoins une digue en assez bon état pour l’emprunter. Ainsi un superbe coup d’œil sur les collines rocheuses qui bordent l’extrémité de ce bras de mer s’offre à vous. Si vous souhaitez découvrir cet endroit atypique, c’est par ici.
La plage Livade i Obatnice est proche du village de Povljana. Avec ses 400 m de banc de sable jaune et une entrée dans l’eau en une pente douce, elle est très populaire. Nous y sommes restés jusqu’au coucher du soleil.
Depuis ce point de vue, vous avez un joli coup d’œil sur le village de Povljana, sur la chaîne de montagnes du Velebit et de l’île de Vir de l’autre côté.
La plage de Stara Povljana est jolie et discrète, avec sable et galets mélangés. Au nord de celle-ci, le rivage très découpé a piqué notre curiosité. Du coup, nous nous y sommes rendus au lever du jour pour une petite balade. Nous nous sommes parqués à proximité.
Nous nous rendons tôt le matin sur les rives du lac Velo Blato pour observer les oiseaux. Quelques cormorans pygmées et d’autres volatiles aquatiques nous occupent. Les vieux murs en pierres qui séparent les parcelles de culture sont aussi de bons perchoirs à rapace ou à chouette.
Encore une belle randonnée sur la pointe qui ferme le sud de la baie de Vlasic. Vous pouvez vous garer là, puis prendre le sentier qui traverse le marais et qui permet de longer le relief jusqu’aux petites îles nommées Veliki Sikavac et Mali Sikavac tout au bout, aller y c’est superbe.
Faune observée à Pag
Hormis ses paysages et plages, Pag nous a aussi intéressés pour les petites bêtes que nous y avons rencontrées dans l’air (elles pas nous), sur terre et dans l’eau. Rien à signaler concernant les mammifères, car ceux croisés étaient en grande majorité des moutons. Pour la gent ailée, c’était beaucoup plus varié, citons par exemple : chouette chevêche, cormoran pygmée (eau douce), cormoran huppé (côte marine), perdrix bartavelle, faisan de Colchide.
De nuit, parti avec nos lampes frontales, nous avons également découvert une superbe couleuvre-chat d’Europe (Telescopus fallax). À l’instar des chats, ce serpent a une pupille verticale de jour qui devient ronde la nuit. Bien qu’il possède un peu de venin, l’animal est inoffensif, sa dentition ne lui permettant guère de l’inoculer à l’être humain.
D’autres reptiles et amphibiens se sont laissés apercevoir : vipère ammodyte, hémidactyle verruqueux (un gecko), lézard des ruines, orvet géant des Balkans (étonnamment vif), crapaud vert, grenouille verte indéterminée. Dans une gouille pleine de ces dernières, nous avons également constaté la présence d’une densité impressionnante de sangsue.
Dans le registre des petites bêtes pas toujours appréciées, nous avons aussi une anecdote. En effet, un matin on a découvert un minuscule scorpion (genre Euscorpius) sous le sac photo. On l’a mis dehors. Le lendemain, précisons que nous étions au 3e étage, rebelote, un autre minuscule scorpion sous le même sac. Et hop, dehors. Le surlendemain, encore un ! Le jour suivant, nous étions un peu déçus que la série s’arrête. Chez les scorpions, les jeunes sont transportés (en nombre) sur le dos de la mère, jusqu’à ce qu’ils soient suffisamment grands pour se disperser. C’est donc ce qui a dû se passer. Posé au sol, le sac photo faisait tout simplement un bon abri entre deux pérégrinations nocturnes.
Certaines araignées font la même chose, comme la tarentule radiée (Hogna radiata) rencontrée de nuit. Chez les affreuses bêtes à huit pattes, mentionnons également l’argiope lobée (Argiope lobata), une grosse araignée bien présente et bien visible au milieu de sa toile.
La liste des insectes observés est importante, avec plusieurs espèces de mantes, un phasme, de nombreux papillons… Vers un des logements où nous avons séjourné, des sphinx du liseron venaient en grande quantité tous les soirs voler à la façon des colibris pour butiner le nectar de leur longue trompe. Un spectacle captivant, ce papillon peut en effet mesurer jusqu’à 15 cm d’envergure.
On a également fait du snorkeling, l’occasion d’observer de nombreux poissons, des bernard-l’hermite et d’autres crustacés, des oursins, des éponges, des vers tubicoles…
Au revoir Pag !
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